Même lorsque les bruits de guerre …

Jean Follain

Même lorsque les bruits de guerre obscurcissent le monde, il nous arrive de trouver par terre une vieille carte postale maculée portant un « Affectueux bonjour » ou un « Meilleur souvenir ». Celle-ci représente la sortie des usines des chemins de fer de l’État à Saintes, vers 1910 : des hommes s’égaillent, allant vers des soupes garnies de légumes usuels, arrachés dans des jardinets a clôtures boîteuses, à petites cabanes à outils. Beaucoup portent de ces pèlerines qui font songer à l’état monastique. Ils n’ont pas l’air de savoir qu’ils sont sous l’objectif. Ceux du premier plan de la photographie sont flous. Les maisons environnantes ont dû être construites vers 1880. Certes, elles dureront encore longtemps, mais l’inquiétude au fond du temps s’amasse.

Even when the sounds of war …

Translated by Mary Feeney

Even when the sounds of war are darkening the world, we might retrieve a trampled postcard, bearing “A Fond Hello” or “Best Wishes.” This one shows the exit of the State railroad factory in Saintes, around 1910: men are scurrying home to their soup with the usual vegetables picked from backyard gardens with rickety fences and small toolsheds. Many wear capes that make one think about the monastic life. The men don’t seem to know the lens is on them. The ones in front look blurry. The surrounding houses must date from around 1880. They’re built to last, but deep within time anxiety is gathering force.

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